[Event "Olympiade d'échecs de Nice"]
[Site "Nice"]
[Date "1974.06.07"]
[Round "1"]
[White "Spassky Boris"]
[Black "Levy David"]
[Result "1-0"]
[ECO "B78"]
[WhiteElo "2650"]
[BlackElo "2320"]
[PlyCount "37"]
[EventDate "1974.06.07"]
[EventType "team-tourn"]
[EventRounds "9"]
[EventCountry "FRA"]
[Source "ChessBase"]
[SourceDate "1999.11.16"]
[WhiteTeam "URSS"]
[BlackTeam "Ecosse"]
[WhiteTeamCountry "URS"]
[BlackTeamCountry "SCO"]
1. e4 c5 2. Nf3 d6 3. d4 cxd4 4. Nxd4 Nf6 5. Nc3 g6 {Ce coup montre
l'intention des Noirs de jouer la variante du "Dragon" de la partie sicilienne.
Au passage, pourquoi ce nom ? Il n'est pas dû à la puissance (éventuelle)
du Fg7, mais au fait que la formation de pions ressemble à la constellation
stellaire "Draco" qui en grec signifie "dragon". Maintenant que vous avez
matière à briller dans les salons échiquéens, revenons à la partie !} 6.
Be3 Bg7 7. f3 Nc6 8. Qd2 O-O 9. Bc4 Bd7 10. O-O-O {La réponse choisie par les
Blancs s'appelle l'attaque yougoslave. Les roques opposés vont donner lieu à
une course de vitesse : qui va attaquer le premier ?} Qb8 {Le "nouveau" coup
que Levy pensait excellent et sur lequel il fondait tous ses espoirs. L'idée
étant de faciliter une avalanche de pions sur le roque blanc et de placer la
Tour en c8. Seul problème, cela demande du temps et dans ce type de position,
la vitesse d'exécution est primordiale. La théorie sur le Dragon est
complexe et tentaculaire : des dizaines de monographies ont été écrites.} ({
On peut jouer par exemple :} 10... Ne5) ({ou bien :} 10... Rc8) 11. h4 a5 {
Chacun essaie d'entrer au plus vite en contact avec le roque adverse.} 12. Bh6
({L'autre coup équivalent était :} 12. h5 {et déjà les Noirs doivent faire
très attention :} Nxh5 ({si} 12... Ne5 13. Be2 $16) ({mais :} 12... a4 $2 13.
hxg6 hxg6 {(le pion f7 est cloué)} 14. Bh6 Nh5 15. Rxh5 gxh5 16. Qg5 {et m.c.s}
) 13. Nxc6 Bxc6 14. g4 Nf6 15. Bh6 $16 {avec pour le moins, une initiative
très dangereuse pour les Blancs. Ils ont définitivement gagné la course de
vitesse et créent les premières menaces concrètes. Compte tenu de la
différence de classe entre les deux joueurs la partie des Noirs va vite
devenir intenable.}) 12... Nxe4 $2 {Perd immédiatement.} ({Le mieux était :}
12... Nxd4 13. h5 Nxh5 14. Bxg7 Kxg7 15. Qxd4+ f6 ({mais pas :} 15... Kg8 16.
Nd5 Qd8 17. g4 Nf6 18. Nxf6+ exf6 19. Qd2 $18) 16. Qd2 $16 {avec l'idée g4.})
13. Nxe4 Bxd4 ({Une autre façon de perdre :} 13... Ne5 14. Bxg7 Kxg7 15. Bd5 e6
16. h5 exd5 17. hxg6 fxg6 18. Qh6+ $18) 14. h5 $1 ({Un joueur de club
ordinaire (en supposant qu'il ait atteint cette position) sera tout content de
se précipiter sur la qualité, perdant ainsi la plus grande partie de
l'avantage acquis comme le montre la variante :} 14. Bxf8 Qxf8 15. h5 Bg7 16.
hxg6 hxg6 $16 {Les Blancs restent mieux mais les Noirs se défendent. Dans une
telle structure où les cases noires sont essentielles, il faut surtout
éviter de brader le Fou de cette couleur !}) 14... d5 15. Bxd5 Qe5 16. Bxf8 {
Cette fois, c'est le bon moment : les variantes tactiques nombreuses mais
toutes à l'avantage des Blancs n'ont pas dû poser de gros problèmes de
calcul à Spassky.} Qxd5 ({Ne changeait rien :} 16... Bxb2+ 17. Kb1 Ba3 18. c3
Rxf8 19. hxg6 hxg6 20. Qh6 Qg7 21. Bxf7+ Rxf7 22. Qxg7+ Kxg7 23. Rxd7 $18 {car
maintenant le gain de la qualité est significatif : les Tours des Blancs vont
pouvoir occuper des postes agressifs. Pour commencer le pion b7 est condamné,
par exemple :} e6 24. Rh7+ Kxh7 25. Rxf7+ Kg8 26. Rxb7 $16) ({Pareil pour :}
16... Rxf8 17. hxg6 hxg6 (17... Qxd5 18. Qh6 $18) 18. c3 Bb6 19. Qh6 Qg7 20.
Bxf7+ Rxf7 21. Qxg7+ Kxg7 22. Rxd7 $16) 17. Qh6 Nb4 (17... Rxf8 18. hxg6 Rc8
19. Qxh7+ Kf8 20. Rxd4 {gagne} Nxd4 21. Qh8#) 18. Rxd4 Qxd4 19. Bxe7 {Abandon.}
(19. Bxe7 Nd5 ({la menace était :} 19... -- 20. Nf6+ Qxf6 21. Bxf6 {mate}) 20.
hxg6 Qg7 21. gxh7+ Kh8 22. Qxg7+ Kxg7 $16 {Il fut demandé à Spassky, après
la partie, s'il avait connaissance du livre de Levy sur le "Dragon". La
réponse lapidaire "non" s'ajoutant à une défaite cuisante fut certainement
très douloureuse pour le MI écossais qui pensait avoir découvert une
"nouveauté théorique" de première magnitude que Spassky a pourtant
réfutée "à chaud". Cela fait un peu penser à la partie Capablanca-Marshall
(New York, 1918) où le GMI américain après avoir peaufiné à la maison
l'attaque qui porte son nom ("Gambit marshall" de la partie espagnole
pratiqué encore aujourd'hui) et qui est hyper-dangereuse l'a jouée contre
Capablanca qui a fait mieux que réfuter l'idée de son adversaire puisqu'il a
gagné une partie magnifique.}) 1-0
"Le Boa et le Lapin". Quel titre étrange pour une partie d'échecs...
Nous sommes en 1974 à l'Olympiade d'échecs de Nice et dans les phases de qualifications l'équipe favorite d'URSS affronte la modeste équipe d'Ecosse. Spassky (2650) a donc perdu le titre mondial deux ans auparavant et joue au troisième échiquier.
Son adversaire du jour est le Maître International David Levy (2320), qui vient d'écrire un livre sur la variante du "Dragon" de la sicilienne, et qui pense que le nouveau coup 10...Db8! (?) est de nature à conférer aux Noirs un avantage considérable. Il en est tellement certain que puisqu'il en a l'occasion il va le jouer contre Spassky. Ce sera une sorte de test à l'acide...
Sans doute imaginait-il déjà, son adversaire au visage impénétrable dans la victoire comme dans la défaite, tendre la main en signe d'abandon, les gros titres dans la presse du genre : "Un obscur MI bat en face à face un ex-Champion du monde !!!". Gros titre dans la presse il y eut effectivement le lendemain dans "Nice-matin" et ce fut : "Le Boa et le Lapin", par le GMI Albéric O'Kelly de Galway.
En rejouant la partie, vous en comprendrez mieux la signification.
Boris Spassky : le 10ème Champion du monde (1969-1972) - Partie II
Août 2013 : Spassky Boris Vassilievitch - Levy David Neil Lawrence (1-0), Olympiade d'échecs de Nice, 1974
Aubenas-Vals Échiquier Cévenol
Quartier les Champs
07200 Saint Etienne de Fontbellon